Après 85 ANS, LA PERTE D’AUTONOMIE est le vrai facteur de risque

par hadjora Lun 28 Déc 2009 - 19:56

Après 85 ANS, LA PERTE D’AUTONOMIE est le vrai facteur de risque

Le British Medical Journal publie dans sa dernière édition en ligne les résultats d’une étude cohorte réalisée par une équipe de chercheurs de l’Université de Newcastle, sur une population de personnes âgées de 85 ans et plus. Chez des sujets très âgés, le handicap, plus que la maladie s’avère le critère le plus important pour définir les objectifs d’un traitement médical. En effet, passé « un certain cap », les personnes âgées, comme par l’effet « d’un processus de sélection démographique », sauf en cas de handicap, présentent moins de difficultés à accomplir la majorité des actes de la vie quotidienne et s’estiment, pour 40% d’entre elles en excellente santé.

La population des personnes âgées de 80 ans et plus est celle qui augmente le plus rapidement. Aux Etats-Unis, par exemple, en un an, de juillet 2007 à juillet 2008, le groupe des plus de 85 ans a augmenté de 3,5%, alors que la population générale n’a augmenté que de 0,73%. En menant une étude cohorte, une équipe de chercheurs de l’Université de Newcastle a recueilli des données socio-démographiques, médicales, concernant la fonction cognitive et la fonction physique par visites médicales et examens des dossiers médicaux. En tout, 1042 personnes, nées en 1921 ont accepté de participer à cette étude (62% de femmes, 38% d'hommes), 10% d'entre eux vivant en établissements de soins.

Les chercheurs ont constaté que, malgré une prévalence élevée des maladies liées à l'âge,

ces patients présentaient des difficultés à réaliser un tronc commun de seulement 3 des 17 activités listées comme activités de base de la vie quotidienne,

20% d’entre eux n’avaient aucune difficulté d’aucune sorte

-40% des patients suivis évaluent leur santé comme étant excellente ou très bonne par rapport à d'autres personnes du même âge. Seuls 4% jugent leur état de santé était mauvais.

Chez les personnes âgées, le risque cardio-vasculaire diminue au « profit » d’autres maladies : Bien que la prévalence et le nombre des maladies sont importants pour ce groupe d'âge, les maladies liées à l'âge comme les maladies cardiaques ischémiques, l’insuffisance cardiaque et les maladies cérébro-vasculaires surviennent à des taux relativement faibles: 37%, 13% et 25%, respectivement. Ces taux sont cohérents avec les chiffres donnés par l'étude Framingham.

Une diminution du taux de décès aux grands âges : Les chercheurs ont ainsi noté que la croissance accrue de la population des plus de 85 ans résulte principalement d'une diminution des taux de décès aux grands âges. Ces baisses sont spectaculaires. Par exemple, chez les personnes âgées de 65 ans et plus aux États-Unis, les décès liés aux maladies cardiovasculaires ont diminué de 40% en 1980 à 30% en 2004. De 1999 à 2005, le nombre de décès constatés chaque année et liés aux maladies cardiovasculaires dans les pays développés ont diminué de 22% en donc six années. La diminution du risque de décès prématuré lié aux maladies cardiovasculaires accroît automatiquement les statistiques concernant les autres causes de décès prématuré. Par exemple, de 1999 à 2005, les décès dus à la maladie d'Alzheimer pour les plus de 85 ans aux Etats-Unis ont augmenté de 30%. De nombreuses études concluent à l’augmentation de l'incidence de la démence avec l'âge: 7,4 cas pour 1000 dans la tranche des 65-79 ans à 68,5 cas pour 1000 dans la tranche des plus de 85 ans. La maladie d’Alzheimer aurait donc devancé dans le classement des maladies du grand âge, les maladies cardio-vasculaires. Mais au-delà de 85 ans, l’incidence de la maladie reste stable, comme si cette stabilité était le résultat d’une sélection démographique, avec une diminution du risque une fois atteints les âges les plus avancés.

Pas de lien direct entre la présence de maladies et l’incapacité d’accomplir certaines tâches du quotidien : La présence de maladies liées à l'âge et la déficience fonctionnelle semblent être déconnectées dans le groupe des plus de 85 ans. Les chercheurs ont observé ce phénomène sur des centenaires, et ils ont émis l'hypothèse que le handicap, plutôt que la maladie, est le meilleur facteur de prédiction de la mortalité à ces âges plus extrêmes

En conclusion, passé « un certain âge », c’est l'état fonctionnel (puis les maladies), plutôt que l'âge seul, qui s’avère le critère essentiel à prendre en compte dans l'établissement des objectifs du traitement médical.

Source : BMJ 2009; 339: b4715