HYPERTENSION RESISTANTE ? Une nouvelle technique d'intervention

par hadjora Mar 30 Mar 2010 - 12:16

HYPERTENSION RESISTANTE ? Une nouvelle technique d'intervention

Les équipes médicales prenant en charge l’hypertension artérielle et spécialisées en radiologie Interventionnelle de l’Hôpital Européen Georges-Pompidou (HEGP/APHP) ont traité pour la première fois, grâce à une nouvelle technique de dénervation rénale, un cas d’hypertension artérielle résistante : une HTA qu’aucun schéma pharmacologique n’avait réussi à corriger.

L’intervention a eu pour cadre le Centre d’excellence de l’HTA, labellisé parl’European Society of Hypertension à l’HEGP, et sous la direction du Centred’investigation clinique de l’établissement, pour mettre en œuvre cette nouvelle technique : la dénervation rénale.

Il faut savoir qu’une proportion non négligeable de sujets hypertendus conservent une pression artérielle trop élevée malgré la combinaison des divers antihypertenseurs aujourd’hui disponibles et ciblant les divers systèmes organiques impliqués dans le dérèglement de la pression artérielle. L’HTA résistante expose à un haut risque de complications cardiovasculaire et cérébrovasculaire.

Face à l’hypertension résistante…L’attitude actuelle consiste, après avoir éliminé une HTA secondaire (de cause curable non médicamenteuse) et une mauvaise observance du traitement (cause peu rare chez les hypertendus !), à poursuivre l’escalade des antihypertenseurs… jusqu’au moment où il est évident que cette HTA ne peut être abaissée par les seuls médicaments.

La nouvelle technique de dénervation rénale, fondée sur le principe de la diminution de l’activité du système sympathique rénal, a été développée pour traiter l’HTA résistante. Elle est en cours d’évaluation par un essai thérapeutique international (Allemagne, Australie, Belgique, France, Pologne, EtatsUnis). Elle consiste à échauffer brièvement le nerf sympathique rénal par des ondes de basse fréquence. Le matériel : le Ardian Symplicity Catheter System, comprend un cathéter, une sonde de radiofréquence introduite dans les artères rénales et un générateur de radiofréquence.

Après administration d’un anxiolytique et anesthésie locale du patient, on insère un cathéter de faible diamètre (1,7 mm environ) dans son artère fémorale qui est remontée dans les artères rénales principales. Une fois le cathéter en place sous contrôle radiologique, la sonde de radiofréquence est insérée par la même voie dans l’une puis l’autre artère rénale. La radiofréquence est appliquée au cours de 4 à 6 séquences de 2 minutes dans chaque artère rénale. Le dispositif transmet par radiofréquence une énergie de faible intensité (5 à 8 W)

Une procédure qui ne dure qu’environ une heure : Les résultats préliminaires obtenus au cours d’une étude précédente montrent la faisabilité et l’innocuité à moyen terme de la technique, avec des résultats encourageants quant à la réduction de la pression artérielle. Avec un recul plus important, un plus grand nombre de patients, et par comparaison à des patients d’un groupe contrôle (patients résistants laissés sous traitement antihypertenseur), l’essai en cours permettra de définir l’intérêt réel de cette technique dans la prise en charge de l'HTA résistante.

L’intérêt du système Symplicity est qu’il permet de neutraliser sélectivement l’innervation sympathique rénale sans modifier celle des autres organes. La circulation sanguine minimise les lésions de la paroi artérielle, d’autant que les impacts sont répartis le long du vaisseau pour favoriser une cicatrisation rapide, cette répartition des impacts le long de l’artère «étant propres à assurer une dénervation complète sans concentrer l’énergie sur un segment artériel unique.

Source : Pr Michel Azizi, Pôle cardiovasculaire, Hôpital Européen Georges-Pompidou (APHP),