La dépression
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La dépression
La dépression
L'éducation thérapeutique du patient dépressif passe par l'information qui lui est donnée sur sa maladie et ses différents traitements, sur la mise au point commune d'un projet thérapeutique régulièrement réévalué et sur des conseils d'hygiène de vie.
Dr Christian Gay, psychiatre, Clinique du Château, Garches (92)
« C'est surtout quand le patient sort de la dépression que la démarche d'éducation thérapeutique trouve sa place. En phase aiguë, le patient est souvent incapable d'avoir une vision objective du trouble avec un sentiment de culpabilité, d'inutilité ou de dévalorisation très fréquent. Lorsqu'il commence à aller mieux, il peut à nouveau raisonner et intégrer progressivement des informations concernant la maladie et le traitement. L'information est donnée dès le départ, mais il est fondamental qu'elle soit répétée au cours des différentes consultations. »
L'annonce du diagnostic de dépression doit être accompagnée d'explications précises fournies au patient ou à son entourage sur la maladie et l'accès aux soins. Ces explications doivent tenir compte du fonctionnement du patient, de sa personnalité et de son environnement familial et social.
Dans le cas d'un premier épisode dépressif complet et caractérisé, prendre le temps d'expliquer au patient, symptôme par symptôme, ce qui fonde le diagnostic et, si nécessaire, justifie la prescription d'un traitement.
Le patient doit être conscient que la dépression est une véritable maladie et que ce n'est pas une affaire de volonté.
« On sait aujourd'hui qu'il existe des modifications morphologiques cérébrales et de l'activité neurobiologiques lors des phases dépressives, explique le Dr Christian Gay, psychiatre à Garches. Cette information doit être donnée, car elle aide le patient à déculpabiliser. »
S'il a déjà eu des épisodes dépressifs, évaluer avec lui l'état clinique et la prise en charge jusqu'à ce jour pour identifier ce qui n'a pas été pris en compte (analyse critique des traitements antérieurs, comorbidités, facteurs d'évolution défavorable). La personne dépressive doit comprendre que la mise en route d'un traitement n'est pas une solution de facilité, mais l'aboutissement d'un projet thérapeutique approfondi.
DÉFINIR LES OBJECTIFS DU TRAITEMENT
Décrire au patient les différents traitements (médicaments et psychothérapies). « Pour que le patient prenne correctement son traitement, il est important de bien définir quels en sont les objectifs, mais aussi les risques », explique le Dr Gay.
Les éventuels effets indésirables doivent être connus du patient. « Un exemple souvent rapporté concerne les troubles du désir sexuel, poursuit le spécialiste. Il faut relativiser en expliquant que la dépression génère elle aussi une baisse de la libido, que ce trouble cessera à la fin de la dépression. »
Informer le patient sur le risque de bipolarisation induit par les antidépresseurs et sur la possibilité de survenue d'un virage de l'humeur qui doit l'amener à consulter. Le prévenir aussi que la dépression peut être la première manifestation du trouble bipolaire.
Le patient doit savoir qu'un délai est nécessaire avant l'apparition des effets positifs du traitement. Expliquer la nécessité de poursuivre le traitement, même après une amélioration.
Il doit connaître les risques iatrogènes liés à une prise de médicaments ou de substance en dehors du cadre thérapeutique et la nécessité d'un avis médical avant l'introduction d'un autre médicament en cours de traitement.
Détailler la manière et le moment de prendre le médicament, la nécessité d'adapter la dose efficace sous contrôle médical et les modalités d'arrêt. Le malade doit connaître la durée du traitement et les raisons pour lesquelles ce traitement est éventuellement poursuivi (persistance de symptômes cicatriciels ou prophylaxie des récurrences dépressives).
Informer le patient de l'existence d'associations de patients et de familles et de l'intérêt de les contacter (voir :Association France-dépression : Tél. : 01 40 61 05 66, www.france-depression.org.) L'entourage familial des patients dépressifs ne doit pas non plus être négligé. « L'aidant va se culpabiliser et se responsabiliser anormalement face à une personne en situation de souffrance, explique le Dr Gay. Il est essentiel qu'il apprenne à se préserver : un aidant qui se porte bien est beaucoup plus efficace. »
RECONNAÎTRE LES SITUATIONS DE FRAGILISATION
« Après la prescription, le médecin doit réévaluer régulièrement, toutes les semaines ou tous les quinze jours, et apporter des informations sur la maladie, précise le Dr Gay. La dépression est une pathologie multifactorielle et expliquer au patient que sa maladie est le plus souvent liée à la conjonction d'un certain nombre d'éléments permet de le déculpabiliser. »
Mettre en place des mesures qui permettent de réduire le niveau de stress, de reconnaitre les situations de fragilisation et d'appliquer des règles d'hygiène de vie. « On insiste particulièrement sur l'importance de suivre des rythmes de vie et une activité physique réguliers. Le médecin doit aider son patient à identifier les facteurs déclenchants de l'épisode dépressif et lorsque cela est possible, de les corriger. »
« Les thérapies cognitivo-comportementales peuvent être efficaces, mais elles ne sont pas toujours accessibles et dans la majorité des cas, le médecin traitant est seul pour poser le diagnostic et assurer le suivi du patient déprimé » reconnaît le Dr Gay.
GÉRER L'ARRÊT DU TRAITEMENT
Mettre en garde le patient sur la possibilité de survenue à l'arrêt d'un traitement prolongé de l'un des trois phénomènes suivants : la récidive, le rebond (réapparition des symptômes d'origine, mais plus sévères) ou le syndrome d'arrêt (ou de sevrage) qui apparaît dans les jours suivant l'arrêt et dont les symptômes les plus fréquents sont l'anxiété, l'irritabilité, les troubles du sommeil, de l'équilibre ou le syndrome pseudo-grippal. Le patient doit alors être rassuré sur le caractère transitoire des symptômes. Afin de prévenir ce syndrome de sevrage, la diminution doit être progressive et programmée avec le médecin. Les posologies sont diminuées sur une période généralement comprise entre 1 et 6 mois, au cours de laquelle les consultations doivent être fréquentes du fait du risque de réapparition des symptômes.
Avertir le patient du risque de rechute et lui apprendre à repérer les signes de dépression.
QUAND PASSER LA MAIN AU SPÉCIALISTE ?
En cas d'épisode dépressif d'une intensité telle que l'hospitalisation est indiquée (accès mélancolique aigu avec risque vital).En cas de suspicion de bipolarité ou d'éléments évocateurs de comorbidités psychiatriques.En cas de non-réponse (échec après 2 à 6 semaines d'un traitement bien conduit) ou de résistance (non réponse à un traitement) à un traitement de première ligne bien conduit.
Charlotte DELLOYE
L'éducation thérapeutique du patient dépressif passe par l'information qui lui est donnée sur sa maladie et ses différents traitements, sur la mise au point commune d'un projet thérapeutique régulièrement réévalué et sur des conseils d'hygiène de vie.
Dr Christian Gay, psychiatre, Clinique du Château, Garches (92)
« C'est surtout quand le patient sort de la dépression que la démarche d'éducation thérapeutique trouve sa place. En phase aiguë, le patient est souvent incapable d'avoir une vision objective du trouble avec un sentiment de culpabilité, d'inutilité ou de dévalorisation très fréquent. Lorsqu'il commence à aller mieux, il peut à nouveau raisonner et intégrer progressivement des informations concernant la maladie et le traitement. L'information est donnée dès le départ, mais il est fondamental qu'elle soit répétée au cours des différentes consultations. »
L'annonce du diagnostic de dépression doit être accompagnée d'explications précises fournies au patient ou à son entourage sur la maladie et l'accès aux soins. Ces explications doivent tenir compte du fonctionnement du patient, de sa personnalité et de son environnement familial et social.
Dans le cas d'un premier épisode dépressif complet et caractérisé, prendre le temps d'expliquer au patient, symptôme par symptôme, ce qui fonde le diagnostic et, si nécessaire, justifie la prescription d'un traitement.
Le patient doit être conscient que la dépression est une véritable maladie et que ce n'est pas une affaire de volonté.
« On sait aujourd'hui qu'il existe des modifications morphologiques cérébrales et de l'activité neurobiologiques lors des phases dépressives, explique le Dr Christian Gay, psychiatre à Garches. Cette information doit être donnée, car elle aide le patient à déculpabiliser. »
S'il a déjà eu des épisodes dépressifs, évaluer avec lui l'état clinique et la prise en charge jusqu'à ce jour pour identifier ce qui n'a pas été pris en compte (analyse critique des traitements antérieurs, comorbidités, facteurs d'évolution défavorable). La personne dépressive doit comprendre que la mise en route d'un traitement n'est pas une solution de facilité, mais l'aboutissement d'un projet thérapeutique approfondi.
DÉFINIR LES OBJECTIFS DU TRAITEMENT
Décrire au patient les différents traitements (médicaments et psychothérapies). « Pour que le patient prenne correctement son traitement, il est important de bien définir quels en sont les objectifs, mais aussi les risques », explique le Dr Gay.
Les éventuels effets indésirables doivent être connus du patient. « Un exemple souvent rapporté concerne les troubles du désir sexuel, poursuit le spécialiste. Il faut relativiser en expliquant que la dépression génère elle aussi une baisse de la libido, que ce trouble cessera à la fin de la dépression. »
Informer le patient sur le risque de bipolarisation induit par les antidépresseurs et sur la possibilité de survenue d'un virage de l'humeur qui doit l'amener à consulter. Le prévenir aussi que la dépression peut être la première manifestation du trouble bipolaire.
Le patient doit savoir qu'un délai est nécessaire avant l'apparition des effets positifs du traitement. Expliquer la nécessité de poursuivre le traitement, même après une amélioration.
Il doit connaître les risques iatrogènes liés à une prise de médicaments ou de substance en dehors du cadre thérapeutique et la nécessité d'un avis médical avant l'introduction d'un autre médicament en cours de traitement.
Détailler la manière et le moment de prendre le médicament, la nécessité d'adapter la dose efficace sous contrôle médical et les modalités d'arrêt. Le malade doit connaître la durée du traitement et les raisons pour lesquelles ce traitement est éventuellement poursuivi (persistance de symptômes cicatriciels ou prophylaxie des récurrences dépressives).
Informer le patient de l'existence d'associations de patients et de familles et de l'intérêt de les contacter (voir :Association France-dépression : Tél. : 01 40 61 05 66, www.france-depression.org.) L'entourage familial des patients dépressifs ne doit pas non plus être négligé. « L'aidant va se culpabiliser et se responsabiliser anormalement face à une personne en situation de souffrance, explique le Dr Gay. Il est essentiel qu'il apprenne à se préserver : un aidant qui se porte bien est beaucoup plus efficace. »
RECONNAÎTRE LES SITUATIONS DE FRAGILISATION
« Après la prescription, le médecin doit réévaluer régulièrement, toutes les semaines ou tous les quinze jours, et apporter des informations sur la maladie, précise le Dr Gay. La dépression est une pathologie multifactorielle et expliquer au patient que sa maladie est le plus souvent liée à la conjonction d'un certain nombre d'éléments permet de le déculpabiliser. »
Mettre en place des mesures qui permettent de réduire le niveau de stress, de reconnaitre les situations de fragilisation et d'appliquer des règles d'hygiène de vie. « On insiste particulièrement sur l'importance de suivre des rythmes de vie et une activité physique réguliers. Le médecin doit aider son patient à identifier les facteurs déclenchants de l'épisode dépressif et lorsque cela est possible, de les corriger. »
« Les thérapies cognitivo-comportementales peuvent être efficaces, mais elles ne sont pas toujours accessibles et dans la majorité des cas, le médecin traitant est seul pour poser le diagnostic et assurer le suivi du patient déprimé » reconnaît le Dr Gay.
GÉRER L'ARRÊT DU TRAITEMENT
Mettre en garde le patient sur la possibilité de survenue à l'arrêt d'un traitement prolongé de l'un des trois phénomènes suivants : la récidive, le rebond (réapparition des symptômes d'origine, mais plus sévères) ou le syndrome d'arrêt (ou de sevrage) qui apparaît dans les jours suivant l'arrêt et dont les symptômes les plus fréquents sont l'anxiété, l'irritabilité, les troubles du sommeil, de l'équilibre ou le syndrome pseudo-grippal. Le patient doit alors être rassuré sur le caractère transitoire des symptômes. Afin de prévenir ce syndrome de sevrage, la diminution doit être progressive et programmée avec le médecin. Les posologies sont diminuées sur une période généralement comprise entre 1 et 6 mois, au cours de laquelle les consultations doivent être fréquentes du fait du risque de réapparition des symptômes.
Avertir le patient du risque de rechute et lui apprendre à repérer les signes de dépression.
QUAND PASSER LA MAIN AU SPÉCIALISTE ?
En cas d'épisode dépressif d'une intensité telle que l'hospitalisation est indiquée (accès mélancolique aigu avec risque vital).En cas de suspicion de bipolarité ou d'éléments évocateurs de comorbidités psychiatriques.En cas de non-réponse (échec après 2 à 6 semaines d'un traitement bien conduit) ou de résistance (non réponse à un traitement) à un traitement de première ligne bien conduit.
Charlotte DELLOYE
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