Les tricycliques pour traiter les céphalées de tension

par princesse Jeu 28 Oct 2010 - 12:41

Si l’on parle beaucoup du calvaire des migraineux, il est moins souvent question de ce que vivent les patients présentant des Céphalées de tension. Ils sont pourtant les plus nombreux et 3 % d’entre eux peuvent souffrir de céphalées jusqu’à 180 jours par an. Ce qui justifierait largement la prescription d’un traitement de fond. Pourtant, tant la migraine que les céphalées de tension sont insuffisamment prises en compte, puisque selon certains travaux, un tiers des femmes et près de la moitié des hommes qui en auraient l’indication ne prennent pas de traitement préventif.
Les tricycliques ont été proposés pour la première fois en 1964 en traitement de fond pour réduire la fréquence des crises de migraine. Depuis, d’autres travaux ont montré que les antidépresseurs amélioraient aussi les céphalées de tension. L’on peut dès lors se demander les raisons de leur sous-prescription. Méconnaissance du bénéfice qu’ils peuvent apporter, crainte des effets secondaires, présomption d’une efficacité réservée aux migraines ?
Une méta-analyse récente apporte des éléments supplémentaires, puisqu’elle apprécie non seulement l’efficacité mais aussi la tolérance des antidépresseurs sur ces deux types de céphalées. Au total 37 études ont été sélectionnées, incluant 3 176 participants. La revue confirme l’efficacité supérieure des tricycliques par rapport au placebo en traitement préventif des crises de migraines et des céphalées de tension, les études constatant une amélioration des céphalées . Les patients souffrant de céphalées de tension ont 40 à 70 % de chances de constater une amélioration d’au moins 50 % de leurs douleurs et consomment moins d’antalgiques.
Et surtout, l’effet du traitement augmente avec le temps, ce qui est cohérent avec la pratique et les différentes recommandations qui conseillent de prolonger suffisamment longtemps les traitements avant de juger de leur efficacité.
Quant aux effets secondaires, s’il faut constater qu’ils sont plus fréquents avec les tricycliques qu’avec le placebo , notamment sécheresse de bouche, somnolence et prise de poids, cela ne semble pas occasionner plus d’abandons de traitement.
Les tricycliques semblent avoir la même efficacité pour le traitement de fond de la migraine que pour celui des céphalées de tension et des maux de tête mixtes.
Cette information a son utilité pour la pratique clinique, où il n’est pas toujours facile pour le praticien de distinguer ces différents types de céphalées. Une approche thérapeutique identique ne signifie pas toutefois que les mécanismes sous-jacents soient les mêmes pour ces différentes céphalées et qu’il s’agisse d’une seule et même pathologie. D’autres travaux seraient utiles pour préciser si certains types de patients sont plus ou moins susceptibles de répondre au traitement.