TABAGISME et MPOC : Un test pour identifier les fumeurs à risque d'EMPHYSEME

par hadjora Mer 7 Avr 2010 - 20:40

En mesurant le débit sanguin dans les poumons des fumeurs, il est aujourd’hui possible d'identifier les fumeurs qui sont les plus à risque d'emphysème avant que la maladie se développe suffisamment pour détruire les poumons, selon une étude réalisée par des chercheurs de l'Université de l'Iowa, financée par une subvention des National Institutes of Health (NIH) et publiée dans l'édition d’avril des Proceedings of the national Academy of sciences (PNAS).

L'emphysème est une maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC), définie par l'augmentation de volume (dilatation) des alvéoles pulmonaires qui provoque des lésions anatomiques irréparables. Les alvéoles perdent leur élasticité entraînant ainsi des troubles respiratoires. De la même manière que 9 patients souffrant d’une MPOC sur 10 sont des fumeurs ou des ex-fumeurs, le tabagisme est la principale cause de l'emphysème. Plus rarement, l'emphysème peut être lié à une déficience héréditaire. Selon l’OMS, 210 millions de personnes souffrent de MPOC, responsable du décès de plus de 3 millions de personnes, située au 4ème rang parmi les causes de décès dans le monde. Cependant, la MPOC pourrait devenir la 3ème cause de décès d'ici 2030. Pourtant, la MPOC reste une maladie méconnue, mal diagnostiquée. Moins de 50% des patients sont diagnostiqués et seulement 35 % des patients ont accès à un traitement adapté. Il reste difficile d’identifier l’emphysème des autres formes de MPOC.

La tomodensitométrie (CT ou scan) permettrait d’identifier les fumeurs les plus à risque d'emphysème en mesurant les différences dans les flux sanguins du poumon. Cet examen relativement simple, qui produit une série de clichés, peut en effet déceler un grand nombre d'états pathologiques que les rayons X classiques ne font pas ressortir grâce à l’obtention d’une image radiographique en coupe transversale.

L'étude a ainsi révélé que les fumeurs qui présentent des signes très précoces d’emphysème, mais qui ont encore une fonction pulmonaire normale, présentent aussi un flux sanguin très différent dans les poumons en comparaison de non-fumeurs ou de fumeurs sans aucun signe d’emphysème. Cette différence de flux sanguin pourrait donc être utilisée pour identifier les fumeurs qui courent un risque accru d'emphysème et permettre une intervention précoce.

«Nous avons développé un nouvel outil pour détecter les premiers changements liés à l'emphysème qui surviennent chez les fumeurs», déclare le Dr. Eric Hoffman, auteur de l'étude, professeur de radiologie, médecine interne et génie biomédical. «Notre découverte pourrait également aider les chercheurs à comprendre les causes sous-jacentes de cette maladie et aider à distinguer l'emphysème d'autres formes de maladie pulmonaire obstructive chronique (MPCO). Ce type de scanner pourrait même être un outil pour tester l'efficacité de nouvelles thérapies en regardant les modifications du débit sanguin du poumon. " L'équipe a utilisé plusieurs capteurs pour mesurer les modes d'écoulement du sang dans les poumons de 41 participants dont 17 non-fumeurs et 24 fumeurs. Tous les participants présentaient une fonction pulmonaire normale, mais 12 des fumeurs avaient des signes très subtils d’emphysème. La tomodensitométrie a montré que ces 12 personnes présentaient les flux les plus perturbés du flux sanguin en comparaison des autres participants. Les résultats démontrent également que le débit sanguin anormal se produit avant que l'emphysème se développe.

"Bien que les causes sous-jacentes de l'emphysème ne soient pas encore bien comprises, le tabagisme augmente le risque de développer la maladie", affirme l’auteur de l’étude. "Notre étude suggère que certains fumeurs ont une réponse anormale à l'inflammation des poumons. Au lieu d'envoyer plus de sang dans les zones enflammées, le débit sanguin s’éteint et les zones touchées se détériorent."

Source : NIH/ http://www.uiowa.edu/